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06/05/2016

Critique de "La Marque des Soyeux" par Thierry Ledru

Une critique incroyable de Thierry LEDRU, un auteur Jeunesse & Adulte .Un auteur totalement atypique, à l'écriture ciselée, précise, minutieuse.

J'ai écrit un billet sur un de ses romans "Là haut"

 

 

Vivien a une marque de naissance sur le visage. Il est le souffre-douleur de l’école. Il ne sait pas se défendre.
Il se réfugie dans la lecture. Les livres sont ses seuls amis.
Après un déménagement, il arrive dans une nouvelle école et les brimades reprennent.
Lola, une fille de sa classe, devient sa confidente, son amie, une première expérience de complicité réelle.
Vivien découvre l’Histoire de la ville de Lyon et à la bibliothèque, il est « aspiré » par un ouvrage sur la révolte des Canuts.
Les lettres forment un tourbillon qui le libère de son existence de souffre-douleur.


« Un tunnel de livres »…Magnifique métaphore sur les expériences de mort approchée…La voie vers la connaissance et la lumière intérieure.

Rencontre avec Joseph. Vieux et barbu. Mais la différence, Vivien sait ne pas en tenir compte. Il en souffre bien assez. Vivien a appris à écouter son cœur avant de juger avec son mental.


Il rencontre Antelme, un enfant malingre qui travaille dans un atelier.


Intérêt historique indéniable. La vie des Canuts, Croix-Rousse, le vieux Lyon, les « traboules », le « bistanclaque », métiers à tisser de M Jacquard, les ouvriers, les tisserands, les enfants exploités, les conflits sociaux, le début du syndicalisme, la faim, la misère, les logements misérables, l’attitude des patrons, la lutte des classes…

Vivien découvre que son existence est bien moins difficile que celle d’Antelme.
La maman d’Antelme est morte. Elle lui manque terriblement. Le père d’Antelme est empli de colère contre la vie. Il ne sait plus aimer son fils, il est en révolte contre la société, contre les patrons, contre la misère. Antelme souffre de ce manque affectif.
Vivien va à l’école. Antelme travaille.


Comparaison des époques, conscience de l’évolution historique des conditions de vie des enfants, scolarisation, protection, lois interdisant le travail des enfants…
« Vivre en travaillant ou mourir en combattant. »
Grève des Canuts qui protestent contre l’instabilité des tarifs pratiqués par les patrons, les Soyeux.
On voit les premiers combats, les barricades, les ouvriers qui rejoignent les rassemblements, les coups de feu, les blessés, les morts…


On imagine Gavroche mais c’est à Lyon, une histoire beaucoup moins connue et pourtant annonciatrice de beaucoup de changements sociaux, une prise de conscience de la condition ouvrière, de l’exploitation par les patrons… Un rappel historique à connaître.
Le refus de certains soldats de tirer sur les Canuts.
Solidarité dans la misère.
Le devoir de désobéissance.
Vivien découvre l’histoire générationnelle de la marque sur son visage…

De retour de son voyage « spatio-temporel, » Vivien est empli de courage et de détermination. Ce qu’il a vu l’a transformé.


Il prend les choses en main…


Transformation radicale de son regard sur lui-même et par conséquent du regard des autres sur lui.
Lola est toujours là et elle l’accompagne dans son « éveil ».
Découverte du karaté, force et honneur, respect et humilité.
Vivien se transforme physiquement. Le bonheur de sentir son corps, la force, la maîtrise qui s’installe, la gestion de ses peurs, de ses émotions et son rapport aux autres.
Lui aussi, il va découvrir la « résistance ».
L’exemple des Canuts est en lui.
L’Histoire est une leçon et il en a gardé les valeurs les plus belles.


Une belle histoire, très bien écrite, visuelle, émotionnelle, prenante, garçon et fille, l’amitié, la solidarité, l’apprentissage des valeurs essentielles.


Un livre à mettre entre toutes les mains d’enfants.

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11:45 Publié dans Critiques | Lien permanent | Commentaires (7)