29/11/2022
"Elephants en peril" chronique de Benjamin LEDRU
Je ne m’attendais pas à prendre autant de plaisir à découvrir un texte qui met en lumière les atrocités commises à l’égard des éléphants. Ne vous méprenez pas, ma satisfaction ne réside pas sur les actes barbares réalisés en vue de récolter de l’ivoire, mais bien sur la manière dont l’auteure est parvenue à mettre en lumière la générosité et le dévouement d’hommes et femmes avec une telle simplicité et authenticité.
Pleinement conscient qu’il existe encore, en 2022, un trafic important d’ivoire, je ne m’attendais pas à ressentir de telles émotions en lisant l’histoire de cette jeune fille qui est mise devant le constat effrayant de ces pratiques. Laura Millaud, à travers sa plume sans fioritures, est parvenue à nous faire vivre une intrigue où le lecteur ne peut que prendre conscience qu’il est totalement passif de cette lutte de protéger les éléphants des braconniers.
« C’est triste ». « Comment peut-on tuer un éléphant pour son ivoire ? »… Nous nous sommes tous dit cela après l’un ou l’autre reportage sur le sujet bien confortablement assis dans notre canapé en train de puiser, avec automatisme, dans notre paquet de chips. Malgré nos belles paroles, une fois le reportage terminé, nous retrouvons le chemin du frigo afin d’enchaîner avec la quotidienne de la Star Academy. Cette ouvrage m’a permis de prendre conscience de mon inactivité totale face aux causes qui nécessiterait bien plus d’attention que mon paquet de chips à l’ancienne (le chips avec le vieux monsieur comme dirait ma fille) ou le nom du gagnant de Koh Lanta.
En dehors de cette prise de conscience provoquée par ce merveilleux roman destiné à la jeunesse, j’ai pris beaucoup de plaisir à voyager aux côtés de notre jeune héroïne, un peu comme si je l’accompagnais dans ses aventures. Ayant eu l’occasion de me rendre plusieurs fois en Afrique, mais aussi dans une réserve de protection pour les éléphants, je suis particulièrement touché par la manière dont l’auteure est parvenue à véhiculer les valeurs de ces héros qui prennent soin de tels animaux avec un dénouement dont nous devrions prendre exemple.
Ayant une fille de 8 ans, je lui ai naturellement présenté cette lecture afin de la sensibiliser sur le sujet, mais aussi afin de recueillir son avis. Très mature pour son âge, elle m’a énuméré une liste interminable de points positifs au point qu’elle vient de rajouter une liste à sa liste pour le Père Noël : « Je veux partir en vacances en Afrique et sauver les éléphants. » Elle m’a toutefois fait part d’une remarque pertinente concernant le texte.
En effet, elle n’est pas parvenue à s’immerger totalement dans l’intrigue pour deux raisons :
- L’âge des personnages n’est pas mentionné. Mais le texte laisse supposer que la jeune fille est âgée de moins de 12 ans.
- Le texte est beaucoup trop soutenu et fait penser à un texte écrit par un adulte pour les enfants. Si j’ai bien compris son analyse, elle reproche aux dialogues (des plus jeunes) de ne pas être dans la bonne « tranche d’âge ». Elle apprécie beaucoup lire une histoire mettant en scène des enfants à partir du moment où l’auteur écrit à leur place, un peu comme si elle ne faisait que retranscrire les propos de ses personnages. Elle regrette le fait que l’on remarque beaucoup trop la présence de l’auteure derrière ces derniers.
Sans que cela ne m’ait sauté aux yeux, je reconnais, après une seconde lecture, qu’il existe quelques incohérences entre l’âge présumé de notre jeune héroïne et la manière dont les choses lui sont présentées. Elle ne connait pas la définition du mot « carcasse », mais parvient à engager une conversation philosophique qui pourrait faire office d’une épreuve du BAC ?
J’aime ma fille profondément, surtout quand elle essaie d’imiter son père qui aime décortiquer les oeuvres qu’il a entre les mains. Par contre, elle devrait encore apprendre à savoir apprécier une oeuvre pour ce qu’elle est vraiment. Je viens de passer un agréable moment aux côtés de Clara sans douter un seul instant que j’étais bien en Afrique à oeuvrer pour le bien-être des éléphants.
Ma note pour cette lecture : 18/20
19:00 Publié dans Critiques | Lien permanent | Commentaires (0)
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