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01/11/2007

Merci petite souris

Un extrait : 

En attendant que la cloche sonne, Maman piétine derrière la grille de l’école. Dès qu’elle s’ouvre, les parents et les nounous se ruent dans la cour récupérer leur bambin.

-       Maman !

Lucie court vers Maman, lui entoure la taille et la serre fort. Puis, dans un flot de paroles ininterrompues, elle lui explique qu’elle a perdu une dent et que la petite souris va pouvoir passer. Elle fouille dans la poche de son manteau, dépose la dent au creux de sa main et dévoile son trophée. Elle est très fière. C’est la preuve qu’elle grandit. Maintenant, c’est sûr, ce n’est plus un bébé.

-       Remet la bien dans ta poche jusqu’à la maison. Ce soir, on la posera sous ton oreiller.

Il a plu toute l’après-midi. Sur le trottoir, Maman avance tandis que Lucie s’amuse à marcher et sauter dans les flaques d’eau.

Tout d’un coup :

-      Maman ! crie-t-elle en pleurant

Maman s’arrête et se retourne.

-      Que t’arrive-t-il, Lucie ?

-      Regarde !

Ses mains sont vides … plus de dent !

-      Elle a dû glisser de ma main ! annonce Lucie.

-      Oh non !

Lucie n’a pas écouté sa Maman. Elle a ressorti sa dent de la poche et tout en enjambant les flaques, elle l’admirait … et Plouf !

Maman ne sait plus quoi dire.

-      Bon … tu sais, je suis sûre que la petite souris viendra quand même.

Ces paroles ne semblent pas rassurer  la petite fille. Ses yeux sont rougis par les larmes et son visage exprime sa peine.

-      Maman, il faut la retrouver ! Insiste Lucie.

Maman hésite mais devant le chagrin de sa fille …

-      Bon, tu sais où elle a atterri ?

-      Oui, là.

Lucie lui indique une grande flaque.

Elles s’accroupissent toutes les deux autour et cherche la dent des yeux. L’eau est un peu boueuse, sombre et ni Maman ni l’enfant ne repèrent la dent.

-      Maman, je ne la vois pas !

Elle se remet à pleurer.

-      Je peux mettre les mains, Maman ?

Spontanément, Maman a bien envie de refuser mais … après tout c’est un moment unique!

Maintenant, Lucie et sa Maman, les deux mains dans l’eau  tentent de repêcher cette dent. Cet exercice ramène le sourire sur les lèvres de Lucie, et l’amuse beaucoup.

Après avoir fouillé avec soin, elles ressortent leurs mains sales, recouvertes d’un peu de terre, très froides mais … pas de dent.

........

 

Bien-sûr, si un illustrateur se sent inspiré par un de mes textes, je peux lui transmettre l'intégralité de l'histoire. Mes textes revivent dès qu'ils sont illustrés !

27/10/2007

Evasion

Pour changer , je vous propose une nouvelle : EVASION : Evocation d'un livre qui m'a particulièrement touchée.

Elle aussi là .

Aucun bruit, pas encore de néons aveuglants. Ce matin, Maureen est la première. Elle dépose ses affaires, allume son ordinateur et se rend dans la petite pièce préparer le café.

Ce n’est pas un percolateur, juste une cafetière, mais ces gestes la ramènent dans l’ambiance feutrée et électrique de « Chez Phillies » . Maureen l’imagine vaste ce bar, des tabourets hauts confortables, peut-être même en cuir rouge, assortis à la robe de Louise. Sur l’image d’après, ils sont plutôt en bois, un bois de qualité, d’un marron chatoyant. Là, ils correspondent plus à l’inconfort psychologique de Louise.

La cafetière fait entendre ses premières gouttes à gouttes, elle doit retourner à sa place ; Travailler.

Louise et sa complicité non dite avec Ben, le garçon de café : Il entend tout, sait tout mais ne donne jamais son avis, ou si discrètement, un sourire entendu, un regard très attentif, mais rien de plus. Il sait aussi s’éclipser quand il le faut, s’affairer à nettoyer le bar et on fait semblant d’oublier sa présence.

-          Bonjour, Maureen.

Maureen met quelques secondes à lever la tête et à apercevoir le collègue qui la salue. Durant environ trois quarts d’heure, elle va prononcer une vingtaine de « Bonjour », la journée se met en place. Au cours des années, elle a appris à se montrer polie et agréable, même envers ceux qu’elle n’aime pas.

Avec son caractère décrit comme spontané et dénué de rondeurs, Louise aurait été malheureuse et inadaptée à cette vie de bureau où la franchise n’est pas de bon ton. Il faut composer pour survivre.

Elle lit ses mails qui lui dictent les tâches de la journée. A chaque dysfonctionnement ou question sur l’application informatique qu’elle gère, les utilisateurs alertent Maureen par mail, et après avoir diagnostiqué, elle répond, résout. Très peu de vrais contacts humains, le téléphone et les mails sont ses vecteurs de communication.

En comparaison, elle se sent plus proche de Louise, de ses questions sur les hommes, comment aimer sans se faire piéger, comment croire aux mots. Dans son métier, d’auteur de théâtre, Louise sait comment manier, assembler  les mots pour donner l’illusion d’un dialogue vrai.

Des mails sont arrivés dans la boite aux lettres de Maureen, il lui faut abandonner la chaleur moite de « chez Phillies » pour retomber dans la réalité. Les quatre autres collègues de son espace de bureau sont arrivés. Ils s’interpellent sans se déplacer, que ce soit pour leur travail ou pour raconter une anecdote de leur week-end, les téléphones sonnent les uns après les autres. Heureusement, Maureen a la faculté de se concentrer et ne perçoit plus ce brouhaha quasi constant.

Entre deux problèmes à résoudre, Louise revient.

Ce Norman, cet homme marié, de qui Louise n’a rien exigé, lui a promis de quitter sa femme pour elle. Louise fait mine d’y croire mais tente aussi de se protéger d’une déception presque attendue. Louise est pétrie de contradictions. Maureen connaît cet état où une idée contradictoire à celle qu’elle vient d’avoir, afflue dans son cerveau, et où finalement tout se mélange

Ben admire cette jeune femme, belle, digne, artiste. Il voudrait tant la voir heureuse, avec un homme à sa hauteur, qui ne calcule pas pour la rendre amoureuse, qui ne manigance pas pour qu’elle reste, un homme qui la rende heureuse, tout simplement. Mais il n’a aucune influence sur sa vie, il est juste témoin, peut-être parfois miroir, un peu comme un psychanalyste qui, malgré ses silences, son attitude en apparence neutre incite le patient à écouter ses propres paroles et à avancer dans la compréhension de lui-même.

Pierre vient chercher Maureen pour descendre fumer une cigarette. Maureen abandonne Louise sur son tabouret, à siroter son martini.

Enfin un moment agréable, enrichissant. Elle aime discuter avec Pierre, ils échangent leurs idées sur toutes sortes de sujets, ils se racontent des pans de leur vie, s’ils le veulent. Un vrai rapport humain. Bien sûr dehors il fait froid mais c’est ainsi, maintenant les fumeurs sont parqués dans la cour intérieure pour consommer leur vice.

La pause est consumée, il faut remonter. D’autres incidents attendent Maureen mais heureusement, Louise est restée.

Et cet ex qui rapplique, comment Maureen aurait-elle réagi ? Situation délicate. Elle préfère observer comment Louise va accueillir cette nouvelle situation. Inévitablement, les anciennes douleurs refont surface ; n’aurait-elle pas fait le deuil de cette rupture ? Ce silence qu’elle s’est imposée ne ressemblerait-il pas à un déni ? Elle se retrouve coincée, entre ce Norman dont le coup de téléphone la fragilise par rapport à Stephen, la rend vulnérable, privée de la force d’une femme aimée et ce Stephen qui débarque et la met face à des questions qu’elle ne voulait plus se poser.

-          Maureen … Maureen !

-          Oh, oui, … Excuse-moi, j’étais concentrée

Un collègue vient lui poser une question professionnelle … à laquelle elle répond poliment, mais pourquoi la déranger alors qu’elle était si tranquille dans sa tête ! Mais que fait-elle ici, dans ce boulot qui ne lui apporte que de l’argent ?!

            Il veut quoi Stephen ? Il revient vers Louise, juste parce que son mariage a échoué ? Cinq ans après l’avoir quittée, sans élégance, pour une femme qu’elle connaissait, il réapparaît. Et sa souffrance à elle, sa vie actuelle, il en fait quoi ? C’est le même jour que Norman, son compagnon actuel,  choisit pour ne pas tenir sa promesse. Mais finalement, Louise est-elle influencée par le retour de Stephen en annonçant à son amant qu’elle ne veut plus le revoir ? Cette présence lui a-t-elle insufflé une certaine force  par rapport à lui?

Maureen ressent très fort la lassitude de Louise, qui peu à peu, ne trouve plus la force pour lutter contre cet ex qui vient la relancer. Elle baisse les armes. Elle accepte d’être à nouveau troublée par cet homme qu’elle a profondément aimé, elle ne le rejette pas en bloc. Elle leur  laisse le temps, peut-être de se redécouvrir, maintenant que les rancoeurs ont été exprimées sans ambiguïté. Chacun à sa manière a vieilli, ou plutôt grandi.

            Heureusement l’heure tourne et la journée de travail va bientôt s’achever. Maureen va pouvoir s’extraire de ce monde où elle ne trouve pas vraiment sa place. C’est comme un bocal où personne n’est vraiment lui-même et où pourtant chacun est confronté à la nécessite bien réelle de travailler.

Dans l’escalier qui mène à la sortie, elle croise quelqu’un à qui elle lance un « bonsoir » machinal.

-          Maureen !

En se retournant, elle lève les yeux sur Pierre.  

-          Ben, dis donc, tu es absorbée !

Maureen rit d’elle-même et de son repli sur elle-même.

-          Oh, excuse-moi… mais j’ai passé le journée avec Louise … et je suis tellement déçue d’avoir lu la dernière page hier soir !

La littérature est un de leurs sujets de conversation favoris, ils échangent des titres, des impressions, ils se conseillent des livres. Un véritable échange.

-          Oh là là ! C’est vrai que pour ma part, c’est le livre que j’ai préféré de Philippe besson.

-          Moi, il m’a totalement bouleversée ! C’est la deuxième fois que je le lis et à chaque fois, je déplore qu’il soit si court !

-          Bon, et tu sais ce que tu vas lire ce soir ?

-          Ce soir, je ne pourrai rien commencer de nouveau. J’ai besoin de digérer « Arrière saison » encore un peu.

 

18/10/2007

Tiphaine voyage

J'ai écrit ce texte pour l'envoyer aux Editions Millfeuille... Une autre fois peut-etre ?

Maman a dit : « Ce week-end, on change les habitudes ! ». On va à Paris, visiter la Tour Eiffel. Chouette ! Tiphaine est  déjà impatiente

Tiphaine et ses parents arrivent au monument. Sous la tour, beaucoup de monde attend en file indienne.

-          Qui sont tous ces gens, Maman ?

-          Des touristes …. Comme nous.

-          C’est quoi des touristes ?

-          Eh bien, ce sont des personnes, d’autres régions ou d’autres pays qui viennent visiter une ville comme Paris.

-          Et ils attendent, quoi ?

-          De pouvoir prendre l’ascenseur pour grimper tout en haut de la Tour Eiffel …Tu vois, aux 4 coins de ce grand carré, ce sont les 4 pieds de la tour.

-          Les pieds ! Mais ils sont grands comme une maison !

-          Et maintenant, lève la tête.

-          Je ne vois rien … à part cette sorte de chapeau sombre et immense qui recouvre les 4 piliers.

-          Recule, lui conseille Maman.

Tiphaine fait un pas en arrière.

- Encore …. Encore…Encore…Encore…

Enfin la tour toute entière lui apparaît, jusqu’à la pointe.

-          Oh là là ! Elle est si grande ! Si haute ! Elle touche le ciel, Maman ! Et si un nuage s’approche trop, elle va être toute mouillée !

Soudain, son attention est perturbée par un bruit derrière elle. C’est  Raphaël, un petit garçon, assis par terre qui lance des cailloux. Ils se jettent un regard.

Sans aucune  timidité, la petite fille s’avance vers lui.

-          Tu ne regardes pas la Tour Eiffel ?

-          Pfft !

-          Tu as vu comme elle est grande ? Elle a la tête dans les nuages !

-          Elle est moche ! elle ressemble juste à une grue !

-          Non ! Elle est  belle ! Elle a l’air fière, comme un dinosaure au long cou !

Le petit garçon lève les yeux vers elle et semble intéressé par ce qu’elle raconte.

-          Ecoute, hier soir, il faisait noir tout autour et elle, cette grande demoiselle de fer, elle scintillait jusque dans le ciel ! Comme si elle avait mis ses habits de fée ! C’était magique !

Aucun enthousiasme de la part de Raphaël.

-          Dis ! Tu m’écoutes ?

-          Regarde là-bas.

Il pointe son doigt vers la tour. Tiphaine tourne la tête et repère une petite fille, devant un des piliers de la tour. Mathilde leur fait signe de venir.

Tiphaine hésite, ses parents et sa tante contemplent le monument tout en bavardant. Ils ne prêtent pas attention à elle. Hop, elle tire Raphaël par la main, et ensemble, rejoignent la petite fille. Tiphaine : Plus elle est entourée d’enfants, plus elle est heureuse !

-          Venez avec moi, je vais vous montrer quelque chose là-haut.

-          Il y a quoi en haut ? demande Tiphaine.

-          Chut ! Vous verrez bien.

Raphaël se campe sur ses pieds, croise les bras et prend un air fâché.

-          Une malle … une malle remplie de vêtements de l’époque où ils ont construit le Tour Eiffel ! On va pouvoir se déguiser ! leur annonce Mathilde.

-          De qui tu tiens ça ?

-          C’est mon grand frère.

-          Et il est où ?

-          Euh … il est reparti jouer avec ses copains … et moi, je n’ai pas trop envie de monter là-haut toute seule … Alors, vous venez ?

Raphaël et Tiphaine s’interrogent du regard, mais l’idée de s’amuser avec des habits d’une autre époque les réjouit.

-          Par où on y va ? demande Raphaël.

-          Je connais un raccourci pour grimper là-haut, explique Mathilde.

Ils se faufilent dans la longue file d’attente pour monter Ils regardent par terre en essayant d’oublier qu’ils font une grosse bêtise ! Avec ruse, Mathilde les emmène jusqu’à l’ascenseur et leur chuchote de se taire pendant le trajet. Surtout, ne pas se faire remarquer.

Ils parviennent sans encombre au sommet, mais leur cœur bat plus vite que d’ordinaire.

Chacun part dans une direction différente. Tout en vérifiant partout, dans coin et recoin, Tiphaine espère que c’est elle qui découvrira le coffre la première. Elle choisira la robe avec le tissu le plus doux et le plus lumineux. Elle glissera ses pieds fins dans des chaussures assorties, décorés de brillants. Elle sera la princesse la plus jolie.

Raphaël, lui rêve de porter le costume de Monsieur Eiffel. Il prendra un air important et réfléchira à la construction de l’édifice. Il bâtira d’autres tours dans le monde entier !.

Quant à Mathilde, elle cherchera les colliers dorés,  ceux qui brillent le plus, les bracelets les plus lourds. En marchant, elle écoutera leur cliquetis.

-          Je n’ai rien trouvé ! crie Raphaël.

-          Moi non plus répond Tiphaine.

-          Moi non plus, chuchote Mathilde.

-          Dis donc, Je crois bien que ton frère t’a fait une blague 

Les trois enfants sont très déçus. Mathilde se sent un peu honteuse de les avoir amenés ici, pour rien.

-          Venez voir, venez voir ! s’écrie Tiphaine.

A force de garder les yeux rivés au sol pour chercher la malle, aucun des enfants n’a pensé à observer à travers les croisillons de la tour. Elle vient de découvrir  le paysage que lui offre la hauteur.

-  Comme c’est beau ! On domine tout  Paris et même au-delà !

Raphaël s’approche et reste bouche bée.

- On dirait des jouets tellement tout est minuscule d’ici ! Regarde, je tends la main, je prends quelques voitures et je les déplace où je veux. Quel magnifique circuit de voiture !

- Moi, je repeints toutes ces maisons un peu tristounettes, en rouge, jaune ou bleu ! Et tous les monuments en dorés avec des pierres précieuses pour qu’ils brillent la nuit !

Tiphaine est en admiration devant ce panorama époustouflant du haut de la Tour eiffel. Mathilde, elle, n’a pas l’air intéressée. Elle reste en recul.

-          Viens Mathilde ! propose Tiphaine, toujours enthousiaste.

-          Oh, ce grand zoo, là-bas …moi, j’ouvrirais les cages et à la place, j’y mettrais les grands frères qui se moquent de leur petite sœur …s’exclame Mathilde.

Les trois enfants rient de bon cœur ensemble

-          Allez, on redescend ? S’impatiente Mathilde.

-          Encore un peu, s’il te plait ! Je profite du paysage ! Je photographie tout avec mes yeux ! C’est trop beau !

Pendant la redescente, les enfants restent silencieux. Ils ont oublié leur déception de ne pas avoir déniché la caisse aux vêtements. Ils rêvent encore à ce trésor inattendu  et impressionnant qu’ils ont pu contempler de là-haut.

-          Tiphaine ! Tiphaine !

Au loin, ses parents l’appellent et courent vers elle.

-          On te cherchait partout, où étais-tu ?

-          Euh … (Elle jette un coup d’œil à ses deux compagnons), on jouait aux voitures, Maman.