03/02/2015
9eme critique de "Gregoire de Tours"
Vivien est un jeune garçon qui vit au XXIe siècle, ses parents déménagent souvent et il change donc régulièrement d'école. Souffrant de porter sur le visage ce qu'on appelle la tâche de vin, à chaque nouvelle école il doit supporter les explications données par sa mère à l'enseignante, puis par la maîtresse à l'ensemble des élèves de sa classe. Sa souffrance face aux attaques des autres va bientôt renvoyer à la répression menée par les soldats de la monarchie de juillet à l’encontre des ouvriers lyonnais.
Habitant près de Lyon, il se documente sur l'histoire de la cité et se trouve projeté dans son passé, dans les révoltes des canuts de 1831 et 1834. Il est guidé par un mystérieux personnage qu'il a rencontré dans une rue et l'a envoyé dans le passé.
Les raisons qui expliquent la misère ouvrière, cause de la révolte sont bien mises en évidence :
« Je t'explique : le patron est payé par le soyeux quand il livre le tissu fini. Papa, lui, est payé à la journée. C'est le négociant qui fixe le tarif à chaque commande et pour un même travail, le prix n'est jamais le même. Parfois, ça ne vaut pas le temps qu'on y a passé » (page 51)
Le contexte, les caractéristiques et le déroulement de cette insurrection sont bien posées. Le jeune lecteur sera saisi par l’intensité de l’action et les péripéties s’enchaînent souplement les une aux autres. Au retour de son aventure, il se fera adouber descendant de canut.
On appréciera le contenu du dossier pédagogique illustré qui présente trois personnages historiques (le roi, l'héritier du trône et le ministre de la guerre de l'époque), l'industrie de la soie et ses ouvriers, la révolte des canuts, le travail de la soie aujourd'hui. On peut considérer qu’il s’agit de la première insurrection ouvrière et que la question des conséquences de la mécanisation est déjà posée là.
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8ème critique du blog "Quoi de neuf sur l'île de Kernach"
Editeur : Balivernes- 128 pages
Ma note: 4 /5
L’histoire :
Vivien est arrivé depuis dans la ville de Lyon. Victime de moquerie il a pour habitude de se réfugier dans les livres. Mais une de ses lectures lui réserve une drôle de surprise : un voyage au XIXe siècle en plein révolte des Canuts.
Je tiens à remercier les éditions Balivernes, spécialisées dans les livres pour la jeunesse, qui m’ont fait parvenir cet exemplaire.
Mon avis :
Ce livre est destiné à un jeune public mais en tant que lyonnais j’ai beaucoup aimé lire cette aventure qui se déroule chez nous, à travers notre histoire.
Vivien est un jeune garçon , porteur d’une tâche de vin qui fait de lui le sujet de brimades et d’injustices de la part de ses camarades de classe. On ressent toute sa détresse à travers ses mots et sa démission à s’opposer aux autres. Face à l’impuissance des adultes à faire cesser ces gestes Vivien se réfugie dans les livres, seule moyen pour lui d’échapper au monde réel. On a tous un souvenir de notre enfance où nous avons pu être auteur ou victime de ces gestes ou mots blessants. C’est pourquoi le texte nous saisit, nous met face à ces situations difficiles.
Lors d’une lecture sur la ville de Lyon, qu’il habite depuis peu, Vivien est entraîné dans une drôle d’aventure. Cette dernière se déroule à la Croix-Rousse, fief des Soyeux et des ouvriers tisserands. De ces fameux Canuts, chef d’orchestre sur le métier à tisser Jacquard, que l’on appelle bistanclaque, rapport aux bruits qu’il produit. Vivien va découvrir la pénibilité de leur condition de vie. Il va suivre le début de la révolte – 1834 – pour un monde plus juste et des salaires à hauteur de leur tâche.
J’aime beaucoup le style, il est poignant et direct. L’auteur nous offre une belle partition sur le renoncement à subir. C’est une lecture très intéressante et pleine de sensibilité. Une belle découverte à faire partager aux plus jeunes.
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25/01/2015
"La démesure" de Céline RAPHAËL
« La démesure » de Céline Raphaël au éditions Max Milo
C’est un livre pour adulte. Pourtant l’héroïne (non, ce terme ne convient pas ici) est bien une enfant. On la suit de 2.5 ans à 15 ans passé.
Ce livre est un choc.
Pour le contenu bien sur, abominable mais aussi pour l’écriture. Je ne saurais pas la définir mais après avoir commencé ce livre, je ne l’ai plus lâché. En dehors de mes moments de lectures habituels, je le prenais, pressée de replonger avec elle, comme si, lire son histoire pouvait redonner un sourire à cette enfant, maintenant femme et médecin comme elle l’a toujours rêvé.
C’est une autobiographie mais c’est plus que ça, c’est un roman.
Je vous glisse le résumé officiel :
« « Céline est privée de nourriture, battue des années durant, enfermée. Elle craint chaque week-end pour sa vie, travaille, travaille encore, pour briller et jouer les pianistes prodiges en gardant le secret sur l’horreur de sa vie familiale. Et autour d’elle, un silence assourdissant.
Comment suspecter l’horreur de la servitude sous les atours de l’excellence ? L’exigence absolue de la perfection qui devient justification de tous les excès et de tous les abus et qui mystifie l’entourage d’autant plus facilement que cette esclave n’est pas affectée à une tâche de souillon mais à une production artistique réservée aux élites ? » Daniel Rousseau (Daniel Rousseau est pédopsychiatre depuis vingt-cinq ans.)
On pourrait s’attendre à un livre triste, noir, pessimiste. Pas une seconde.
Ce livre déborde du courage incroyable de cette enfant qui grandit dans la peur et la douleur, physique et psychologique.
Oui, elle subit les violences et la folie de son père, car elle n’a pas le choix. Sa mère est de son coté mais n’ose affronter son mari. Et laisse faire.
Elle supporte tout avec une telle force : Les coups, les privations, la peur, le désespoir. En même temps, elle est excellente élève et excellente pianiste. Plus de 40h par semaine ….
Quand enfin, un adulte s’inquiète pour elle, l’espoir d’une vie meilleure est enfin là. Je ne voudrais pas trop vous dévoiler la suite, mais elle dresse un portrait de l’ensemble des services sociaux qui gèrent les enfants comme elle, pas très reluisant ! Certes elle ne subissait plus les violences de son père mais personne ne l’aide vraiment à aller mieux, à panser ses blessures.
Et pourquoi elle ne va jamais chez sa tante qui semblait d’accord pour l’accueillir ?
C’est un livre à lire absolument, à faire lire à toutes les personnes qui s’occupent d’enfants, à tous les parents et je dirais presque aux ados.
Ce livre m’a fait tout de suite repensé au magnifique album de Cécile ROUMIGUIERE « L’enfant silence », c’est exactement la même violence, le même appel à l’aide face à des adultes sourds.
Une fois ce livre terminé, je me suis lancé dans une autre lecture. C’est difficile.
J’ai commencé le dernier livre de la journaliste Florence Aubenas « En France ». Ce sont des reportages regroupés. J’ai lu quelques pages mais il y avait trop de tristesse, de découragement et surtout, pas d’espoir.
Après « la démesure » je ne pouvais pas. J’ai abandonné, j’y reviendrai plus tard.
J’avais plutôt besoin de légèreté et d’espoir. Donc un roman jeunesse. J
Et enfin, j’ai commencé la série de deux auteurEs que j’affectionne particulièrement en tant qu’auteur ET personne Anne Ferrier et Régine Joséphine : Les Chroniques étranges
des enfants Trotter, T1 : la Malédiction Shakespeare.
15:49 Publié dans Le talent des autres | Lien permanent | Commentaires (0)